Les réfugiés à Gargenville pendant la seconde guerre mondiale

Actualité | Publié le 02/12/2024

Nichée dans les Yvelines, à proximité de Mantes-la-Jolie, Gargenville était, avant la Seconde Guerre mondiale, une paisible commune de 1800 habitants.

  • Les « réfugiés », une catégorie de personnes très encadrée bien avant la guerre

    Avant même la Seconde Guerre mondiale, Gargenville, comme de nombreuses communes françaises, accueillait des réfugiés.

    Dès 1936, le département de Seine-et-Oise (dissous en 1968) avait mis en place un dispositif d'aide financière pour ces populations en détresse, originaires des régions actuelles du Grand-Est, des Hauts-de-France ainsi que de pays étrangers comme la Russie, l'Italie, la Finlande et la Hongrie.
    En 1938, soit un an avant l'entrée en guerre de la France, l'État a renforcé ce cadre avec la loi du 11 juillet 1938 imposant aux propriétaires de maisons vides l’obligation de loger des « personnes dispersées ». Cependant, ces mesures d'assistance étaient assorties d'obligations pour les bénéficiaires de plus de 16ans, notamment l'inscription à l'Office départemental du travail. (circulaire du 3 janvier 1941) 

    Les réfugiés juifs, quant à eux, faisaient l'objet d'une surveillance accrue, conformément à la législation antisémite de l'époque. Ils avaient ainsi pour obligation de se déclarer en mairie (loi du 2 juin 1941)

  • En 1942, la situation des réfugiés évolue : les nouveaux sinistrés ne pourront désormais être logés gratuitement par réquisition que durant une période de 6 mois seulement.

  • Réfugiés et bombardements

    Les opérations de débarquement alliées en Normandie ont entraîné d'intenses bombardements sur la région de Mantes-la-Jolie, anciennement Mantes-Gassicourt, visant à paralyser les renforts allemands. Entre avril et août 1944, on recense ainsi environ 37 bombardements alliés et 2 bombardements allemands sur Mantes-la-Jolie et Mantes-la-Ville. Ces attaques aériennes, auxquelles se sont ajoutés quelques bombardements allemands, ont bouleversé la vie des habitants, dont une part non négligeable de réfugiés.

    Selon les fiches nominatives ou familiales conservées dans les archives communales, ces derniers représentaient environ 6 % de la population totale de Gargenville en 1944.

    Les archives communales recensent ainsi 92 fiches de réfugiés arrivés à Gargenville avant 1944. Ce nombre a augmenté de près d'un tiers en 1944, avec l'enregistrement de 37 nouvelles fiches.
    Les attaques intensives de cette année-là ont provoqué un afflux de réfugiés à Gargenville, principalement originaires de Mantes et de ses environs. La ville la plus touchée aux alentours de Gargenville a été Mantes-la-Jolie.

     

  • Recensement des réfugiés : fiches individuelles complétées en mairie. © Archives communales

    • Récapitulatif des fiches de réfugiés en provenance de Mantes et de ses environs

      Mois d'arrivée dans la commune Communes d'origine Nombre de fiches
      Mars 1944 Mantes-la-Ville 1
      Avril 1944 Les Mureaux/ Mantes-Gassicourt 5
      Mai 1944 Limay/Mantes-la-Ville/ Mantes-Gassicourt 16
      Juin 1944 Mantes-Gassicourt/Meulan/Sartrouville 4
    • Les combats de la 79e et de la 30e division du XVe corps d’armée de la 3e armée américaine permettent la libération de la ville entre le 24 et le 27 août, après Mantes le 19 août.

    • Le 10 août, la Préfecture de Seine-et-Oise prend un arrêté pour venir en aide aux réfugiés et aux sinistrés : la commune doit donc compléter un état de ceux qui ont bénéficié de ces allocations.

      • Au carrefour de Gargenville le 27 août, les chars du 743e bataillon arrivent de Rangiport

      • Le même endroit aujourd'hui

      • Quelle différence entre réfugié, sinistré et dispersé ?

        Dans les archives de la Seconde Guerre mondiale, on retrouve à la fois les termes "réfugiés", "sinistrés" et "dispersés" pour désigner les personnes touchées par le conflit. Quelle est la différence entre tous ces termes ?

        Le « réfugié » était celui qui avait fuit son pays, sa région ou sa maison pour échapper aux combats, aux persécutions ou à l'occupation. Il pouvait donc être aussi bien français, qu’étranger.

        Le « sinistré » était un civil, dont la maison avait été détruite ou gravement endommagée par les bombardements, les combats. Il restait dans son pays mais ayant tout perdu, il devait demander une aide pour se reloger.

        Le « dispersé » était une personne déplacée de force par les politiques d'extermination, de travail forcé, menées par l'Allemagne nazie et ses alliés. Ces personnes étaient souvent déplacées à travers l'Europe, loin de leur pays d'origine, et comprenaient des rescapés des camps, des travailleurs forcés et d'autres déracinés.

        Dans les archives conservées à Gargenville, le terme « dispersé » est utilisé à la place de « refugié « , les formulaires ayant été rédigés, en « interne », par la mairie.